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Channel: IRAN – le monde à l'ENVERS
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Les SANCTIONS ÉCONOMIQUES. Une DES ARMES de la GUERRE HYBRIDE.

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POUTINE ET PRESIDENT IRANIEN

Les politiciens étatsuniens adorent utiliser les sanctions économiques punir leurs adversaires étrangers, mais l’utilisation à outrance de cette arme pousse la Chine et la Russie à développer des contre-mesures, nous explique le diplomate britannique Alastair Crooke.

Le dirigeant suprême iranien Ali Khamenei a dit, dimanche, devant une large audience dans la ville sainte de Mashhad, que:

«les Américains ne font pas ce qu’ils ont promis dans l’accord nucléaire. Ils n’ont pas fait ce qu’ils auraient dû faire. Selon le ministre des Affaires étrangères [Javad Zarif], ils ont amené quelque promesses sur le papier mais ont aussi empêché la matérialisation des objectifs de la République islamique iranienne grâce à diverses mesures de diversion». 

Cette déclaration faite pendant la nouvelle année du dirigeant suprême doit être comprise comme un avertissement et non comme pure rhétorique. Ce n’était pas une simple critique contre l’Amérique (comme certains pourraient le supposer). C’était plutôt un simple avertissement au gouvernement iranien à faire attention aux retombées politiques possibles.

Ce qui se passe est significatif. Pour quelque raison que ce soit, le ministère des Finances étasunien est en train de vider l’accord pour lever les sanctions de toute sa substance (et le motif pour cela mérite toute notre attention). Le dirigeant suprême a aussi remarqué que l’Iran éprouve quelques difficultés à rapatrier ses fonds gelés placés à l’étranger.

Les officiels du ministère étasunien ont, depuis le premier jour de l’accord, pris chacun leur tour pour avertir les banques européennes que les sanctions étasuniennes contre l’Iran restaient en vigueur et qu’elles ne devaient pas envisager, même pas une seconde, d’utiliser les marchés obligataires, en dollar ou en euro, pour financer le commerce avec l’Iran ou pour s’impliquer dans le financement d’infrastructures iraniennes.

Les banques comprennent parfaitement le message : touchez seulement au commerce avec l’Iran et vous serez massacrées par une amende d’un milliard de dollars, contre laquelle il n’y aura ni appel, ni cadre légal clair, aucun moyen de se défendre. Les banques (de manière compréhensible) prennent peur. Aucune banque ni institution financière ne s’est montrée lorsque le président Rouhani a visité Paris pour une série de réunions avec le monde des affaires local.

L’influent journal iranien Keyhan a écrit à ce sujet, le 14 mars, qu’«à l’occasion d’un discours à l’assemblée générale des Nations Unies en septembre, Rouhani a déclaré qu‘aujourd’hui une nouvelle phase de relations entre l’Iran et le monde débute». Il a aussi déclaré dans une discussion à la radio 23 Tir que «la mise en place progressive de ce document va doucement ôter les briques du mur de méfiance».

Keyhan continue:

«Ces remarques sont faites alors que le côté occidental, dirigé par les États-Unis, n’a aucune intention de supprimer ou même de diminuer le mur de méfiance entre lui et l’Iran […] car il retarde la mise en place de l’accord qu’ils ont pourtant signé. La levée des sanctions n’est restée qu’une promesse sur un bout de papier, à tel point que cela a entraîné les protestations de politiciens iraniens».

«La partie américaine utilise les  clauses de l’accord de telle façon que les banques et sociétés, même européennes, n’osent pas établir de relations financières avec l’Iran par peur de la réaction américaine sous forme de sanctions [imposées à ses banques]. En réalité, la raison du retard de l’implémentation d’une coopération financière entre les banques européennes et les banques iraniennes et l’échec à faciliter les transactions économiques et financières est dû au fait que les sanctions américaines sont encore en place et que les banques iraniennes continuent à faire face à des restrictions. À cause de leur crainte d’amendes et de sanctions graves pour violation des anciennes sanctions étasuniennes, les institutions financières européennes hésitent à établir des relations avec leurs contreparties iraniennes…»

«Il est inutile de s’attendre à ce que l’administration étasunienne coopère avec l’Iran, vus les commentaires de ses fonctionnaires, dont [la conseillère à la sécurité nationale] Susan Rice, vu que leurs commentaires et leur comportement montre leur refus de suivre leurs obligations et vue l’absence de volonté politique de la part de cette administration pour mettre en place ne serait ce que le minimum de l’accord.»

Keyhan se réfère spécifiquement aux commentaires que Susan Rice a faits à Jeffrey Goldberg dans The Atlantic disant que «le but premier de l’accord iranien n’est pas d’entamer une nouvelle ère de relations entre les États-Unis et l’Iran. Le but était tout simplement de rendre un pays dangereux un peu moins dangereux. Personne ne s’attendait à ce que l’Iran devienne un acteur moins important. »

Keyhan continue :

«Toute action sur la scène internationale entraîne une réaction appropriée. Nous ne pouvons donc pas nous attendre à ce que le gouvernement américain lève les sanctions alors qu’il utilise toutes les opportunités pour restreindre notre pays. Les récents commentaires de Rice ne sont que la partie visible de la rhétorique anti-iranienne des officiels américains ces derniers mois. Ces remarques doivent donc être prise pour ce qu’elles sont, un signe […] que le rêve d’une levée des sanctions n’est rien d’autre qu’une vision idéaliste, loin de la réalité.»

La remarque du dirigeant suprême n’était donc destinée qu’au gouvernement iranien : pas trop d’espoir politique sur un tel accord, car ses fondations pourraient être construites sur du sable.

L’arme de prédilection financière

Récemment, le ministre des Finances états-unien, Jacob Lew, a tenu un discours à Carnegie sur l’évolution des sanctions et les leçons pour le futur, que David Ignatiuscommenta ainsi :

«Les sanctions économiques sont devenues l’arme de prédilection de la politique étrangère américaine ces dernières années, car elles sont meilleur marché et plus efficaces que la puissance militaire classique. Mais Jack Lew a averti du risque de sur-utilisation qui pourrait rendre cette arme inefficiente, et même se retourner contre les États-Unis. Son avertissement contre une sur-utilisation arrive exactement au moment où des membres républicains du Congrès se battent pour que les États-Unis laissent en place les sanctions américaines contre l’Iran, malgré l’accord signé l’an passé, censé diminuer la menace iranienne.»

Alors que se passe-t-il ? Si Lew avertit des risques d’usure de l’arme des sanctions, pourquoi est-ce justement son ministère qui essaye avec autant d’ardeur de ne pas lever les sanctions, alors même qu’il rappelle que celles-ci ne fonctionneront plus si les pays ne récoltent pas ce qu’il leur est promis, la levée des sanctions, s’ils adhérent à ce que lesÉtats-Unis leur demandent.

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